En cet instant, Éva détestait son job plus que tout. Putain, si elle avait choisi le poste de co=host c'était pour rien branler de ses journées, pas pour vraiment travailler.
« Non, plus à droite les chaises j'ai dit ! Qu'est-ce que vous comprenez pas dans "il faut que ça forme un demi-cercle" hein ? Je dois vous le mimer en troll peut-être ?! »
Les employés de la maison lui jetèrent un regard mauvais mais s'exécutèrent néanmoins. Bien sûr, Eva comprenait l'importance d'une réunion du personnel et avait fortement acquiescé quand les investisseurs lui avait fait part de sa volonté de l'organiser.
« Mettez cette table là dans le fond, là-bas. Oui, voilà, on lui trouvera bien une utilité au pire. »
Mais c'était aussi une nouvelle aventure qui commençait pour tout le monde, une aventure plein de promesses et de bonnes résolutions et l'occasion pour le monde du catch de repartir du bon pied. Cette réunion ne devait pas servir qu'à grommeler sur les événements du passé, mais aussi à mettre au point des plans pour l'avenir, renforcer les liens que les épreuves avaient affaiblis, retrouver des visages connus et en rencontrer de nouveaux, s'autoriser à rire le temps d'une soirée – que ce soit au dépend des lutteurs ou des investisseurs –, échanger des présents pour ceux qui le souhaitaient ou tout simplement profiter de la nourriture et de la boisson autour du buffet. Oui, vraiment, cette réunion était d'une importance capitale. Et Eva n'en revenait toujours pas que les investisseurs ait eu le culot de lui refiler ce bébé avorté et de lui demander à elle de s'en occuper. Comme si elle avait que ça à faire, franchement, organiser des soirées.
Croisant les bras sur sa poitrine, Eva jeta un coup d’œil circulaire au travail abattu cette dernière demi-heure. Les lustres avaient été dépoussiérés, le parquet ciré, les vitres astiquées (pas par elle faut pas déconner non plus, c'est à ça que servent les esclaves de la maison). Des tables alignées proposaient divers assortiments de mets plus appétissants les uns que les autres ainsi que les incontournables petits-fours habituels ou encore des chips bien huileuses. Des verres pour l'instant encore propres et rangés attendaient sagement d'être remplis, que ce soit par des jus de fruits ou des sodas (Eva avait levé les yeux au ciel quand les investisseurs lui avait rappelée son obligation de proposer des boissons non-alcoolisées), ou bien de la bière-au-beurre, du vin, voire même du champagne. Bien sûr, les tables cachaient sous leurs jolies nappes blanches assez d'alcool fort pour faire festoyer la maison close jusqu'au bout de la nuit, il fallait bien qu'être l'organisatrice de cette réunion serve à quelque chose. Des chaises avaient été placées en périphérie, pour soulager les pieds de ces braves, dégageant ainsi un large espace où converser voire danser. Sur la scène tout à droite, des musiciens avaient été engagés pour jouer une musique d'ambiance, mais de vrais CDs de rock se cachaient au milieu des câbles et des micros. Au cas où.
Eva soupira, satisfaite, avant de regarder l'heure sur sa montre. Il était 19h passé, soit l'heure à laquelle les convives étaient censés arriver. La salle étant fin prête, attira une bouteille de bière-au-beurre et la décapsula. Eva prit une longue gorgée de sa boisson, pour se donner le courage de supporter ce qui allait suivre.
La soirée pouvait commencer.
Voici l'invitation, délivrée par lettre , que vous avez reçue
Chèr(e) Invité,
En votre qualité de membre du personnel de la maison close,
les investisseurs vous invite à un cocktail de bievenue,
qui débutera à 19h dans la Salle de fête.
Un buffet à volonté y sera servi, ainsi que des rafraîchissements.
Aucun code vestimentaire n'est imposé, mais une tenue correcte est recommandée.
En vous souhaitant une agréable soirée.
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